Les lieux à découvrir
Un grand vaisseau sur le boulevard Michelet
L’Unité d’Habitation se visite également de l’extérieur ! N’hésitez pas à prendre du recul pour étudier ce grand vaisseau, posé comme en diagonale dans la trame urbaine. Une structure béton qui bouscule toujours nos perceptions et nos concepts en terme de modes d’habiter.
Les loggias colorées rythment les façades. Le double rang des 17 pilotis favorise les transparences sous le bâtiment et lui apporte une forme d’élégance. Nous sommes devant un projet expérimental et innovant qui a largement dépassé la soixantaine et reste toujours fascinant à vivre et à découvrir :
« L’Unité d’habitation de grandeur conforme »…
« Faite aussi dans la robustesse des techniques modernes et manifestant la splendeur nouvelle du béton brut. »
Le Corbusier lors de l’inauguration de l’UH.
Ainsi, derrière ces façades, 17 étages, 337 appartements organisent la vie quotidienne à la manière d’un « village vertical ».
Le Hall
Après un passage sous l’auvent de béton, autrement appelé « la casquette », le hall de l’U.H. nous accueille. Tout ici est pensé comme l’agora : espace de convergence, de rencontre où les habitants, les visiteurs, vont et viennent, entrant, sortant. Le volume de cet espace, son organisation participent, dès l’entrée, à l’effet d’apaisement.
La force de la réflexion de la lumière constitue un point majeur de cet espace. Les baies vitrées, les transparences colorées, aménagées dans le béton, à la manière de claustras, les éclairages à la base de chaque pilier, sont autant de points qui vont nous absorber lors de ce premier temps dans l’U.H.
Comme une ligne de fuite, le cheminement nous guide vers le bandeau de béton arrondi qui délimite l’accueil des gardiens, puis vers les portes ascenseurs presque irradiantes par leurs couleurs : rouge puis jaune pour le monte-charge.
Bancs, plateaux de béton, boîte aux lettres, complètent cette organisation qui se pratique comme la place de la cité. Ici et là, incrustées dans le béton, quelques empreintes de coquillages se lisent comme un écho à la nature si chère à Le Corbusier.
Les 3e et 4e rues
Depuis les ascenseurs, ces rues nous invitent à la déambulation. Le temps s’est posé dans cet espace où les lumières naturelles et artificielles viennent scander la promenade et où l’espace se partage entre appartements et espaces commerciaux et professionnels.
Dans une douce mise en scène, le parcours depuis le bar de l’hôtel qui s’ouvre à la mer avec sa loggia, les cuisines du restaurant, la pâtisserie, les divers locaux dédiés à l’activité… tous ces espaces organisent des séquences comme pour préparer le débouché sur le jardin d’hiver ! Là, la lumière et les volumes inondent l’espace magnifié par sa hauteur et la polychromie des murs qui semblent se répondre.
Le magnifique banc de béton festonne cette ode à la lumière de la Méditerranée. Librairie, designers et autres lieux de services s’ouvrent sur ce havre de tranquillité.
Le parcours se prolonge par des escaliers vers la 4e rue disposée en balcon sur le jardin d’hiver. Ces lieux inattendus sont aussi ceux pratiqués par les habitants pour quelques moments partagés autour de manifestations culturelles, mais aussi des moments festifs comme la galette des Rois.
L’appartement 50
En 2006, les propriétaires actuels estiment avoir eu la chance de découvrir l’appartement N°50, au sein de l’Unité d’Habitation Le Corbusier, dite « Cité Radieuse », à Marseille.
Cet appartement avait été occupé depuis 1952 par une amie de Le Corbusier, et son état de préservation parfaite lui a valu d’être classé Monument Historique en 1995.
Convaincus qu’un bâtiment aussi iconique que l’Unité d’Habitation devait être visité de l’intérieur, les propriétaires ont décidé de partager cette expérience avec le public.
Plutôt que geler l’appartement dans un dispositif muséal avec un mobilier d’époque, ils ont choisi une approche plus dynamique et ont invité des designers contemporains à le réaménager périodiquement, avec leurs propres créations et leurs scénographies.
Les propriétaires sont persuadés de la synergie entre ces fortes personnalités artistiques et l’architecture de Le Corbusier qui souligne les standards élevés mis en place pour ce programme de logement à loyers modérés ; en retour, ce lieu historique sert admirablement leurs créations les plus abouties.
A ce jour, Jasper Morrison, Ronan& Erwan Bouroullec, Konstantin Grcic, Pierre Charpin , Alessandro Mendini et NORMAL STUDIO ont participé au projet.
Expositions bisannuelles entre le 15 juillet et le 15 Août – Réservation préalable obligatoire auprès de : jmd@appt50lc.org
Le site internet www.appt50lc.org, et un livre « LA CELLULE LE CORBUSIER » éditions IMBERNON documentent ce projet global.
© Livre La cellule Le Corbusier – Éditions Imbernon
L’appartement 643
Cet appartement classé nous donne à voir la notion de “confort moderne” tel que conçu pour les habitants qui commencent à s’installer à l’UH au début des années 50.
Nous sommes dans un pays en reconstruction et tout ici est proposé pour accueillir les familles dans un esprit basé sur la modernité qui allie simplicité des matériaux, ergonomie des formes et équipement de chaque appartement par une succession de meubles qui seront agencés dès l’arrivée des habitants : cuisine équipée, passe-plats, broyeur de déchets organiques, glacière, tiroirs à légumes naturellement ventilés, placards, tables à langer, armoires formant cloison, chauffage, ventilation mécanique, salle de bain et douche cabine, niches bibliothèques…
On peut arriver avec un équipement sommaire et se lover dans tout ce qui est pensé pour le confort des habitants.
Les appartements disposent de loggias qui, grâce aux baies “repliables”, organisent un véritable prolongement du salon sur l’extérieur.
Le système constructif de Le Corbusier est basé sur l’idée du casier. Ainsi, peut-on imaginer un casier à bouteilles dans lequel chaque cellule ou plutôt chaque appartement, vient se glisser dans cette ossature constituée de poteaux et de poutres de béton armé.
« L’œuvre est là : L’unité d’habitation de grandeur conforme, érigée sans règlement, contre les règlements désastreux, faite pour des hommes, faite à l’échelle humaine ; faite aussi dans la robustesse des techniques modernes et manifestant la splendeur nouvelle du béton brut ; faite enfin pour mettre les ressources sensationnelles de l’époque au service du foyer, cette cellule fondamentale de la société ».
Le Corbusier
Le toit-terrasse
Le toit-terrasse s’ouvre à nous, au dernier étage. La large porte palière franchie, c’est un véritable fleuve de lumière qui vient nous éblouir, comme en rupture d’avec la quiétude tamisée des rues.
Ici la Méditerranéenne est magnifiée : ville, mer, collines s’offrent à notre regard. Espace panorama, le toit-terrasse met le ciel à portée de main.
Cet espace est unique par son architecture, par sa conception, par ses matériaux,…
La piste de course, l’ancien gymnase devenu centre d’art, la scène du théâtre, la salle de dessin comme suspendue au-dessus de la pataugeoire, le solarium… tout ici décline l’esprit de Le Corbusier, dans la relation de l’Homme à la lumière et au soleil.
C’est un espace à partager en terme d’usages, mais c’est avant tout un espace de sérénité, où l’on vient, tout à la fois, lire, rêver, se retrouver.
Ce toit-terrasse dessine un univers inouï qui décline le béton magnifié par les totems que sont les cheminées, la tour des ascenseurs, la scène du théâtre, comme un écho aux espaces de nature si proches.