Livres en partage – mars 2019
Organisateur : Éric Broquère
Pierre Pascal a présenté
Mêlée ouverte au Zoulouland de Tom Sharpe
L’auteur, Tom Sharpe (qui a vécu longtemps en Afrique du sud avant d’en être expulsé), est un écrivain humoristique britannique, somme toute mineur. Mêlée ouverte au Zoulouland est son chef d’œuvre, c’est un pamphlet anti apartheid écrit à la tronçonneuse (je cite un critique). Il me fait penser à Tarantino avec son déferlement de violence parodique.
1971 – en pleine période d’Apartheid. L’action se passe dans une petite ville d’Afrique du sud. Les trois premiers personnages sont le chef de la police et ses deux adjoints qui ont en commun de se détester, d’être affreux, méchants mais par-dessus bêtes. Le chef de la police reçoit un coup de fil d’une vieille dame, qui vit dans une grande propriété éloignée et qui fait partie de l’élite dirigeante (descendante du fondateur de la ville, sœur d’un juge à la cour suprême de Pretoria, sœur d’un archevêque…) Elle veut se dénoncer pour avoir tué son cuisinier et unique domestique noir et refuse absolument les suggestions du commissaire : parler d’un accident ou dire que le noir avait commis un acte répréhensible.
Le chef de la police est obligé de se rendre chez elle, non seulement elle maintient sa version mais affirme que le cuisinier noir était son amant. Tuer un noir est un délit mineur, avoir des relations sexuelles avec un noir est…un crime contre l’humanité. Le commissaire est obligé de prendre des initiatives, elles seront toutes absurdes et aboutiront à une explosion grand guignolesque de violence parodique.
Danièle Charpy
Ton histoire, mon histoire de Connie Palmen
Le mentir vrai d’un roman biographique (au cinéma on dirait un biopic) qui relate les sept années de vie commune de deux poètes en Angleterre dans les années 1960. Sylvia Plath, l’américaine et Ted Hugues l’anglais. Sept années sous le signe de l’amour à mort – j’aime, je te hais- et de la création littéraire. Le récit est la confession de Ted, à tort jugé responsable du suicide de sa femme.
Gisèle Moreau
Les deux personnages de ce magnifique roman ont réellement existé : il s’agit du poète anglais Ted Hugues et de la poétesse américaine Sylvia Path qui ont vécu leur sept années de mariage de façon tumultueuse et passionnée. Le premier (1930-1998), élevé à la campagne, très influencé par son environnement a beaucoup écrit sur la nature, les animaux, les traditions ancestrales. Un extrait de son célèbre « Love song » (a été lu), montre bien la passion sauvage qui l’unissait à son épouse. Sylvia Pat, nature très tourmentée, internée à plusieurs reprises, a commis plusieurs tentatives de suicide et est finalement décédée à l’âge de 30 ans (1932-1963). Terriblement marquée par un père proche des nazis, elle le décrit férocement dans son poème « Daddy ».
Gisèle Moreau a également présenté
The Blazing World, “Un monde flamboyant” de Siri Hustvedt
“Un monde flamboyant” traite de l’art contemporain, notamment des installations et de la mysoginie dans l’art. Le personnage principal, Harriet Burden, furieuse du manque de reconnaissance à son égard, va cacher son identité derrière trois personnages masculins, et remporter à ce titre de francs succès…
Éric Broquère
En guerre de François Begaudeau
Avec humour et compassion, dans une France contemporaine fracturée, François Begaudeau met en regard violence économique et drame personnel, la difficulté, l’impossibilité souvent de dépasser la règle implicite de la reproduction sociale, de « sortir » de sa propre appartenance de « classe ».
Huguette Bailly
Le dernier Vénitien de Gilles Hertzog
Gilles Hertzog rédige ici les mémoires apocryphes de Giandomenico Tiepolo. Depuis sa tombe celui-ci remercie l’auteur d’avoir mis en lumière la préoccupation de toute sa vie : « Je n’ai guère vécu ma vie sinon par délégation, mes Polichinelles sont les interprètes de cette tragi-comédie que fut mon existence, mon impossibilité à vivre », ces pages me feront-elles justice ? »
Tout le livre relate la difficulté du peintre à être lui-même. Il admire son père et se résigne ) être son double « deux êtres dans le même nom ». Pourtant il sait que la peinturedoit changer de sujet, sortir de la mythologie et peindre la Venise finissante. Retiré à Zianigo, il se dégage de l’ombre paternelles, des commandes des puissants, il sera à son service. Il veut être le conservatoire des derniers vénitiens, ses polichinelles montreront les singeries de la terre entière.
A travers l’histoire de l’époque, on suit Giandomenico dans sa quête : « Comment être à soi quand on est le premier fils du grand Tiepolo ? “
Prochain « Livres en partage », le mardi 21 mai à 14h30